J’aimais tellement les livres de Philippe Claudel que lorsque ma librairie fétiche du 45ème parallèle à Pessac m’a annoncé qu’il venait en dédicace, je me suis inscrite de suite.
J’aime cet écrivain, simple, torturé certainement aussi…! Issu du Nord, empreint par l’histoire de sa région. Les âmes grises, la Petite fille de Monsieur Lin, et évidemment il y a longtemps que je t’aime, remarquablement joué dans le film du même nom avec Elsa Zylberstein et Kristin Scoot Thomas.
Ses textes sont d’une grande poésie qui m’émeut beaucoup. J’ai bien apprécié l’arbre du pays Toraja, parlant d’un sujet pourtant pas très drôle, la mort d’un être cher. Philippe Claudel a je pense beaucoup transposé sa propre histoire dans ce livre avec la perte de son éditeur Jean-Marc Roberts en 2003. Mais le scénario sans être une intrigue est calment posé, divorcé mais revoyant son ex Florence dans la chambre 107 à l’hôtel comme un pacte qui leur appartient, voyeur de sa voisine qui n’est autre que l’infirmière du service oncologie. Il nous raconte comment les indigènes de Sulawesi conçoivent la mort avec l’arbre à qui ils confient les corps de nouveaux-nés des premiers âges emmaillotés dans des draps et qui vont peu à peu être incorporés dans les branches de l’arbre comme une très lente procession vers le ciel. C’est une jolie coutume qui devient le point de départ du livre de Philippe Claudel.
De belles réflexions sur le parcours de la vie, comme une ronde, qui nous ramène à notre âme d’enfant. De belles interrogations sur la maladie, comment, pourquoi, et quelques surprises au coin des pages avec l’apparition de Kundera ou Michel Piccoli, Des phrases comme « Vivre, en quelque sorte, c’est savoir survivre et recomposer. »
Ce livre est écrit un peu comme un scénario de film par Philippe Claudel, qui faut-il le rappeler est aussi cinéaste et prof d’audiovisuel. Il y a des zooms, et des flashback, mais privé de paroles avec la perte de son ami éditeur, avec lequel il entretenait une profonde amitié, il expulse par un livre son chagrin, son deuil. Son livre est plus une réflexion qu’un roman, mais je prends quand même.