Que restait-il de solide dans nos vies ? de Valérie Tong Cuong
Le plantage du décor
Le Havre ville portuaire de Normandie, sous l’occupation de la seconde guerre mondiale. Ce livre nous raconte l’histoire de deux familles ordinaires, deux couples, quatre enfants, un chat. 1940, c’est l’exode avec de longues et interminables files de voyageurs et l’intégralité de leurs vies tenant dans un baluchon. Des destins non pas incroyables au contraire, des cheminements de vie ordinaires avec les aléas que chacun vit au mieux.
Que restait-il de solide dans nos vies ?
C’est donc Émélie et Joffre le premier couple qui va souffrir de cette misère ordinaire, de ce silence qui augmente l’incompréhension. De retour du front, Joffre se mure dans sa culpabilité de vaincu. Les enfants Jean et Lucie racontent tour à tour leur vision de cette période. Émélie, mère et épouse se bat contre l’indifférence affichée de son mari à son égard. Le mari qui en fait essaye de protéger les siens de l’occupant et de protéger son secret aussi.
La soeur d’Émélie, Muguette est malade et est portée par l’amour de sa famille et de ses enfants et surtout du retour espéré du mari Louis. Louis parti à la guerre pour ne plus revenir mais qui a laissé son lourd secret à sa fille la petite Marline: « Marline , tu ne diras pas un mot, c’est clair ? »
L’exode en Algérie
Puis vient pour les enfants de Muguette qui a la tuberculose, la traversée pour l’Algérie. Un poids pour Joseph, une délivrance pour Marline. On voyage au grè des paysages changeants de l’Algérie, des troupeaux de chèvres, des arbres fruitiers et surtout de cet attachement de Marline pour ses parents adoptifs. La fin de la guerre sonne aussi la fin de ces errances, c’est l’heure des retrouvailles au Havre.
Joliment écrit, très simplement décrit, les destins de personnes ordinaires nous emmènent dans les méandres de la vie quotidienne, loin des grandes batailles et des champs minés. Ici il s’agit plus de sortir de l’anonymat des familles au milieu de la grande Histoire.