Peggy dans les phares de Marie-Eve Lacasse
Je viens de refermer le livre et un constat me vient, celui d’une vie triste, sans joie. C’est un livre intéressant mais mélancolique. Un bon moment de lecture, même si parfois, on se prend à frémir devant tant de gâchis. Oui pour moi il s’agit d’un gâchis, à l’endroit ou d’autres verront des vies trépidantes et frénétiques … Bon, c’était aussi une autre époque. Dans les années 80, sortir chez Castel ou au New Jimmy’s avec de l’alcool comme le disait Peggy Roche elle-même était quelque chose de plus gai qu’aujourd’hui. Il n’en reste pas moins que cette consommation d’alcool, de drogues et de relations superficielles, ces nuits décalées, qui ne sont pas propres au milieu de la mode, ont quelque chose de tragique.
Mais qui est Peggy Roche ?
Ancienne styliste, bien sur que le nom de Peggy Roche ne m’était pas inconnue. Je l’associais à une grande mannequin de l’époque de Saint Laurent. Je me souviens également qu’elle faisait des articles dans Elle. Mais je n’avais pas eu connaissance de sa relation avec Françoise Sagan. Ce qui frappe, c’est le titre finalement. En effet, pourquoi ce titre ? Parce que Peggy est restée dans l’ombre. Un flou concernant sa naissance et son père.Une enfance inexistante auprès d’une mère occupée à ses propres amours. Une peur d’être raflée sous l’occupation. J’imagine que Peggy Roche n’a pas eu d’ancrage fort et même ses amours ou maris n’ont pu lui apporter un certain apaisement. Elle a du se tourner vers d’autres sphères, d’autres amours pour exister. Sa relation, voire admiration pour Francoise Sagan est une belle histoire.
Sortir du cadre
Ce qui me gêne c’est l’insistance que Françoise Sagan a mise à cacher cette relation au point que lors de photos impromptues devant la presse, elle était invitée à sortir du cadre de la photographie. Elle repose aux côtés de Sagan, dans une tombe anonyme.
Le dernier mot à l’auteur
J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur. Marie-Eve Lacasse est née au Québec et a étudié la littérature française à la Sorbonne. Elle publie Masques en 1997 qui obtient le prix littéraire jeunesse. Elle voulait sortir « Peggy Roche du brouillard ». Le titre est à mon sens tellement adéquate. Dans le style proposé, elle reconstitue ce qui a été une véritable passion de 20 ans avec Francoise Sagan. Elle a puisé des indices, des bribes de confidences auprès de tous ceux qui ont pu les côtoyer. Ce roman est simple, et nous fait entrer dans le monde de la vie parisienne et mondaine des fêtards de cette époque. Avec infiniment de tact, sans tape à l’oeil, sans artifice, on assiste à un style de vie décadente pour les uns, frénétique pour les autres, Il n’en reste pas moins que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman.