Le Mont Saint Michel, c’est le Nooord pour les aquitains, enfin à la faveur d’un petit week-end, nous avons remonté la France en passant par le château de Chenonceaux et celui de Chambord et avons dormi chez la mère Poulard. Une bénédiction…!
Le château de Chenonceaux
De bon matin, le château de Chenonceaux pas encore trop envahi par les touristes, s’offre à nous comme un écrin. Ce qui frappe c’est la beauté, les détails des jardins géométriques, mais à l’intérieur, également les tapisseries et les toiles de quelques maitres, tels le Tintoret.
C’est une affaire de femmes dirait-on, en effet, cet ancien moulin situé sur le Cher doit sa notoriété aux femmes qui y ont séjourné et l’ont embelli, telle Diane de Poitiers, le pont entre les deux rives lui permettait de partir chasser. Catherine de Médicis l’agrémentera de salles de bal et de coursives sur le pont, Louise de Lorraine d’une chambre de deuil. C’est Louise Dupin qui le sauvera pendant la révolution puis Madame Pelouze qui veillera à sa conservation jusqu’à ce que la famille Menier ( vous savez les chocolats …!) le rachète et le partage avec nous encore aujourd’hui.
Le château de Chambord
Notre prochaine halte sera ensuite pour le château de Chambord, érigé sur une zone marécageuse avec en son sein un petit gué, le Cosson qui sera détourné pour alimenter les douves, ce château que je visite pour la première fois n’en finit pas de nous étonner. Ces quatre tours flanquées aux extrémités représentent les points cardinaux, les pièces sont immenses, et que dire de ce fameux escalier à double révolution ou deux personnes peuvent monter sans jamais se croiser, une prouesse que l’on attribut à Léonard de Vinci ( sous le mécénat de François 1er il créera de nombreux objets que l’on peut voir au château du Clos Lucé non loin de là, je garde ce tour pour ma prochaine visite). Chambord est immense avec quelques 426 pièces et 77 escaliers et 365 cheminées, mais peu de mobilier dans les pièces. François 1er y vient pour des parties de chasse mais ne séjournera que peu au château. Le parc est tout aussi célèbre avec 5441 hectares, entouré d’un mur de 32 kilomètres, on y rencontre encore en se promenant à vélo des biches au détour d’une allée.
La devise de François 1er est cette salamandre qui crache du feu et porte la couronne avec cette devise : » je me nourris du bon feu et j’éteins le mauvais. »
Après ce bon bol d’air, nous repartons pour le Mont Saint Michel. Nous ferons une halte à Cancale pour goûter les Pieds de cheval. Ce week-end de Mai est humide et gris, ce qui fait que nous ne serons pas dérangés par la cohue, il n’y a personne….!
Le Mont Saint-Michel
Nous avons pris trois chambres à l’hôtel de la Mère Poulard et pour ma part, nous avons une petite suite avec salon attenant et vue sur la baie.
Nous prenons bottes et cirés et allons à la rencontre de notre guide pour une visite à pied de l’extérieur du Mont Saint Michel, c’est chouette d’avoir un guide rien que pour nous, car il faut se méfier de l’eau et des marées, je me souviens petite fille d’avoir vu le film au pays du dauphin vert qui se passe en Nouvelle-Zélande sur un îlot tel celui du Mont Saint Michel… La mer monte comme un cheval au galop… Il faut 6 heures pour que l’eau descende et 6 heures pour qu’elle remonte, et le marnage ( différence de niveau d’eau à marée basse ou marée haute) peut avoisiner les 13 m aux alentours du Mont Saint-Michel. En fait la mer monte à la vitesse d’un homme qui marche …! Il est certain que faire ce type de visite avec un guide est rassurant.
Après le fort bon dîner au restaurant de la Mère Poulard, nous irons faire une visite nocturne et là le silence et l’aspect sombre et désert des lieux donnent une autre perspective.
Le lendemain, nous avons rendez-vous à l’intérieur de l’abbaye pour une autre visite. C’est tout simplement magnifique avec une lumière grise alors imaginez avec un ciel sans nuage…
A l’origine le Mont Saint Michel est occupé par des religieux et devient un lieu de pèlerinages. Tout commence par une légende avec en 708, l’évêque d’Avranches Aubert qui reçoit la vision de l’Archange Saint-Michel lui demandant d’édifier une construction en sa mémoire, seconde vision et l’évêque se croit devenir fou, jusqu’à ce qu’à la troisième apparition, l’archange perce le crâne de l’évêque laissant ce témoignage dont le religieux ne mourra pas… L’évêque se lancera alors dans la construction de l’édifice dont il reste aujourd’hui quelques morceaux sous les salles de l’abbaye ( Notre dame sous Terre)… Chanoines, bénédictins se succèderont et ce sont ces derniers qui feront de nombreux bâtiments, mais c’est Robert de Thorigny, qui insufflera un nouvel essor à la construction. Puis il y aura les guerres entre le royaume de l’Angleterre et le royaume de France, la bataille pour savoir si le Mont est breton ou normand… Aujourd’hui quoiqu’il en soit le lieu accueille plus de 3 millions de visiteurs… Sont-ce tous des pèlerins ???
La Mère Poulard
Anne Boutiaut est fille de maraîchers et femme de chambre au service de l’architecte Edouard Corroyer chargé de la réfection du Mont saint-Michel en 1872, elle épouse le fils du boulanger en 1873 Victor Poulard qui vient de prendre un bail sur le Mont Saint-Michel et ouvre une petite auberge pour accueillir les pèlerins et leur offrir l’hospitalité. Comme ces derniers arrivent à toute heure, il faut les satisfaire rapidement après leur voyage souvent éprouvant et c’est ainsi que la renommée de l’omelette de la Mère Poulard nait. C’est encore aujourd’hui un lieu incontournable avec sa fameuse omelette cuite au feu de bois.
On passe souvent sous silence les petits biscuits sablés qui datent de la même époque, j’en ai rapporté quelques boites… mais pas eu le temps de les goûter…! Alors même si on entend plein de vilaines choses, je confirme que l’établissement, sa cuisine, son accueil et le fait que nous soyons tombés sur un week end de l’ascension pluvieux ont contribué à rendre ce séjour inoubliable. Idem pour le concert de jazz après le dîner à l’étage supérieur en sirotant un dernier verre qui est aussi un excellent souvenir. Cela est certainement devenu touristique mais en même temps c’est magique, c’est comme la tour Eiffel, ce n’est qu’une construction en métal …Mais c’est incontournable…!