Lorsque j’ai commencé ce livre, je ne l’ai plus jamais lâché, doublement sachant qu’il était le récit vrai d’une pianiste d’exception. L’auteur Zhu Xiao Mei nait en 1949 à Shanghai, enfant surdouée, elle étudie à Pékin au conservatoire jusqu’à la révolution culturelle exigée par Mao qui l’envoie pendant 6 ans aux confins du pays pour se rééduquer. Cette histoire est celle d’une vie, certes, une vie d’exception mais au travers de ce récit particulièrement émouvant à plus d’un titre, il y a également l’histoire de la fondation de la Chine. On ne mesure pas ce que ce pays a traversé. Et en fermant le livre outre le plaisir de cette lecture, outre le destin de cette jeune pianiste, on s’interroge sur ce que sont les chinois aujourd’hui, pourquoi sommes-nous si différents, comment cette histoire imposée a forgé leur identité. Et alors il est aisé de faire le parallèle avec notre propre histoire et la révolution française qui est le point de départ de ce qui a dicté pour partie l’identité française.
Au-delà de cela, le récit met également en exergue le pouvoir qu’exerce la musique sur cette jeune fille qui saura dépasser des difficultés que l’on ne peut mesurer. Il montre aussi comment la passion procure un plaisir et une foi qui peuvent effectivement déplacer les montagnes, soulever les obstacles mais à quel prix pour certains.
On parle souvent dans des livres d’histoire, des biographies, des articles sur la politique, du communisme et des défis qui ont été lancés alors et que le peuple a subis. Mais ce récit permet de vivre le quotidien et d’être véritablement dans la peau d’une chinoise qui plus est, a adhéré à toutes ces positions extrêmes, jusqu’au moment où l’âme, le cerveau ne peuvent plus être sans réaction face à des actes dont l’absurdité paraît, et là le réveil peut être difficile. Il faut un détonateur ou bien un objectif chevillé au corps pour avancer, pour Zhu Xiao ce sera la passion de la musique, ce sera retrouver son piano comme une nécessité vitale, de celle qui donne encore la force de se lever, les partitions s’arracheront et le Clavier bien tempéré de Jean Sébastien Bach sera de celles qui permettront à la pianiste de renaitre petit à petit avec cette foi en son piano, en la musique, elle n’a plus qu’une obsession la liberté de pouvoir jouer de la musique. Cela arrivera en 1977 avec la visite Isaac Stern, puis son visa en Février 1980 pour Hong-Kong.