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Un livre à quatre mains comme une partition musicale.
C’est le roman épistolaire de deux femmes éloignées dans des régions d’Amérique, l’une en Iowa et l’autre dans le Massachusetts. Elles nous racontent leur seconde guerre mondiale par le biais d’une correspondance.
De prime abord, beaucoup de choses les séparent, l’âge, le milieu. Mais l’amitié qui naît de ces deux contrastes passe au dessus de toutes ces différences. Ensuite, elles sont unies par les mêmes tensions, celles de l’arrière front, celles de leur ville, celles de la peur du télégramme porteur de terribles nouvelles.
Mais, elles vivent leur guerre et livrent leurs batailles quotidiennes entre désespoirs et petites joies, potins, astuces de jardinage et recettes…. Puis au travers de ce petit badinage somme toute innocent se dessinent des destins. Au fil de la guerre qui dure, se façonnent des personnalités, se font des évolutions de caractères, d’ouverture, de tolérance que parfois, les privations et les insécurités poussent à développer.
Que ce soit Glory, la jeune femme de 23 ans avec ses deux très jeunes enfants, ou bien pour Rita avec son mari et son grand fils Toby également partis à la guerre, on aime ces personnages. De même, avec Roylène nouvellement maman, on s’attache tout simplement à ces héroïnes du livre. Elles nous parlent des préoccupations de l’époque, de leur place dans la société, de l’éducation, de leur vie amoureuse, de leurs doutes, de leurs erreurs, une sorte de Desperate Housewives avant l’heure.
Aujourd’hui, cela nous semble loin et pourtant …
Bien évidemment dans notre monde numérique, les mails ont remplacé avantageusement les courriers. Les courriers du facteur ne sont plus légions, Internet y a mis un coup d’arrêt.
Nonobstant la même sensation d’excitation et d’attente, m’anime lorsque j’envoie mes mails à des amies chères. Lorsqu’elles me répondent de la même manière, des mails de quelques 50 lignes et qui racontent peu ou prou leur quotidien, nos petits tracas, somme toute dérisoires au regard de cette histoire. Cela illustre bien le pouvoir et le sens de la communication entre les individus. Chacun peut avec pudeur, envisager de lever un pan de son cercle intime. Chacun peut continuer à raconter ce que le face à face pourrait limiter, parce que dans notre société actuelle. Il faut être bien tout le temps et par tous les temps…!
Dans la même veine que le cercle des éplucheurs de patates, ce roman épistolaire est une petite pépite.
