Les Lycéens ont choisi l’autobiographie de Charlotte Salomon
Cette fois encore, j’ai lu un livre ayant eu le prix des lycéens. Comme d’habitude, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt mais en décalage avec l’actualité. Le prix du Goncourt des lycéens a en effet été décerné au Livre Charlotte de David Foenkinos en 2014! L’histoire vraie d’une artiste peintre allemande assassiné en 1943! Elle a réalisé pas moins de 1325 toiles de gouache entre 1938 et 1942.
Au départ, j’avoue que j’ai été un peu dérangée par la forme du roman. Impossible de réaliser dans quelle sphère je me trouvais, étais-je avec l’écrivain, ou avec son héroïne ? J’avoue avoir été décontenancée. Et puis chez les écrivains, on a souvent des phrases longues, descriptives. Là point du tout, Foenkinos délivre une forme de prose, de poésie, des vers. Bref j’étais un peu dubitative.
La genèse du projet
Et puis, j’ai continué ma lecture et chemin faisant, j’ai compris les doutes de l’écrivain lorsqu’il dit : »J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois. Mais comment ? » N’avez-vous jamais ressenti parfois le besoin de vous exprimer, mais la force du sujet est si intense ou si difficile, que pour ne pas tromper votre pensée, vous souhaitez attendre pour bien peser les mots et leur portée ? Je comprends bien cette attitude de Foenkinos qui lors d’une visite à Berlin tombe sur une exposition de peinture des oeuvres de Charlotte Salomon. Je comprends que David Foenkinos ait du mûrir ce projet avant que de le traiter.
Livre Charlotte de David Foenkinos
Charlotte a 9 ans lorsque sa maman se suicide. Puis on apprend que sa famille est frappée du sceau de cette malédiction. La petite fille grandit avec ce secret de famille. Elle, elle attend un signe de l’au-delà que sa maman avait promis de lui envoyer. La vie de Charlotte est donc une succession de traumatismes qu’elle va décharger au travers de la peinture. Elle grandit, tombe amoureuse du professeur de chant de sa belle-mère: Amadeus Daberlohn. Encouragée par ce dernier elle peint des milliers de gouache, mais elle doit partir en France rejoindre ses grands-parents en 1938 pour échapper aux nazis. Elle ne reverra jamais ni ses parents ni son amoureux.
La fin de Charlotte
Charlotte vit avec ses grands-parents qui ont trouvé asile chez une riche américaine. Elle continue à peindre mais doit subir son désagréable grand-père qui la harcèle et ne comprend rien à sa peinture. Elle croit toucher le bonheur en se mariant avec un autrichien juif réfugié également. Un voisin dénonce le couple. Charlotte est emmenée enceinte de 5 mois à Auschwitz.
Charlotte Salomon est assassinée en octobre 1943, elle avait 26 ans.
« Vie ? Ou théâtre ? »
« Vie ? Ou théâtre ? » C’est le nom que Charlotte Salomon a donné à l’ensemble de son oeuvre. Un peu à la manière Anne Franck, deux jeunes personnes parties trop tôt, nous laissant un témoignage inoubliable de leur vie.
Ce qui m’a intéressé est effectivement le sujet de la peinture, car c’est une sensibilité particulière pour moi. Ensuite l’histoire se situe au moment de la Shoah. On est effectivement dans quelque chose de lourd. On y apprend notamment la genèse de la famille de Charlotte, les suicides trans-générationnels. Mais ce qui se dégage de prime abord, malgré l’aspect sombre, voire très sombre de histoire, c’est la couleur. Oui malgré cette lourdeur due aux faits, la couleur, la musique, la poésie, sont présentes tout le long du récit.