Lorsque j’étais enfant, bercée par les livres de contes et légendes, et par la musique de Shéhérazade, j’imaginais l’Inde comme un paradis luxuriant et plein de palais somptueux … Adulte, la cité de la joie, livre de Dominique Lapierre ou le film du même nom avec Patrick Swayze ont achevé de mettre fin à mes chimères et à mes utopies. Aussi lorsqu’un voyage de quelques jours au Rajasthan m’a été proposé, j’ai quand même hésité un petit peu. Aujourd’hui une chose est certaine, j’aimerai y retourner…!
Le choc de culture est rude, on part avec ou sans préconçu mais la différence heurte inévitablement. Nous avons eu la chance durant ce court séjour de tomber sur un guide indien qui avait fait ses études à Angers, si bien qu’il nous a bien préparé à apprécier son pays. Il ne faut pas arriver avec nos yeux d’européens disait-il, il faut s’affranchir de notre culture pour mieux apprécier l’autre, pas de comparatif possible, ne pas se dire à tout instant : » Oh les pauvres ! »
Pour une première fois, nous avons certes retrouvé tous les soirs un hôtel bien continental avec nos repères d’européens, je ne nie pas, mais aurais-je mieux aimer avec une immersion brutale et immédiate…?
Le premier choc sera à la sortie de l’aéroport, il est plus de minuit, on a la tête à l’envers avec le voyage et la température est encore torride, il y a surtout 300 000 paires d’yeux qui nous regardent sortir avec nos valises, mais ne dorment-ils pas la nuit comme nous ? Une constante en Inde cela grouille…!
Comme tout bon touriste ensuite nous ferons le tour d’un palais à un autre, d’un fort à un autre, passerons par les standards, une fabrique de marqueterie, une fabrique de tapis, un magasin de saris, certes..!
Mais cela n’enlève rien à l’aspect magique de ce séjour, un pays ou une partie est rurale nous replonge au moyen-âge, par exemple ces femmes qui ramassent les bouses de vache pour en faire du combustible, les roues de camion réchappées en sacs, en chaussures, les noeuds de fils électriques à toutes les intersections, les briques ou les gros cailloux laissés en plein milieu de la route ( tels nos triangles rouges pour se signaler) pour dire qu’untel change sa roue ou a un ennui de moteur mais en partant les cailloux et briques restent sur place, les camions retournés par excès de chargement, les tout-touk avec 10 personnes là ou nous en mettons deux, les mobylettes à 3 ou 5 personnes, oui c’est étrange pour nous. Mais que de couleurs, que de parfums, c’est une expérience inoubliable …
Le Taj Mahal
Mais la découverte du Taj Mahal le valait bien, ce palais situé dans la ville d’Agra est le monument le plus visité en Inde et il est beau à toute heure, c’est le monument que l’ empereur moghol Shâh Jahan fera construire pour honorer sa défunte épouse, 22 années seront nécessaires, 20000 ouvriers et quelques centaines d’éléphants. Le matériau de marbre blanc serti de milliers de pierres semi-précieuses telles le Jaspe, la turquoise, la malachite, le lapin-lazuli, la cornaline, le grenat, l’agate, nous offre des reflets blancs, gris ou roses selon la lumière du jour. Le saviez-vous que deux jours avant la pleine lune et deux jours après le monument ouvre jusqu’à minuit. Par contre pas de photos de l’intérieur du mausolée … La dernière vue est prise du fort Rouge d’Agra.
La rue
La rue ce sont des images tellement fortes que l’on reste le nez collé aux carreaux et que l’on ne sait plus où regarder, les hommes qui font les briques pour les restauration de forts et de palais, ce qui sont accroupis pour couper l’herbe au sécateur, les femmes qui portent le fourrage pour les bêtes sur leur tête avec de jolis saris colorés, les enfants nus sur les bords de route, les étals de marché colorés et fleuris pour les offrandes. Surprise je suis sur la photo …en rose !
On voit évidemment des hommes plus que des femmes avec 914 femmes pour 1000 hommes, il manque 43 millions de femmes en Inde, l’actualité oh combien terrifiante nous a montré les limites de cette politique qui vise à considérer la femme comme une charge, comme dit le proverbe indien : » Elever une fille, c’est comme arroser le jardin du voisin ». Pour ceux que cela intéresse visionner cet excellent documentaire : L’inde : Le pays qui n’aimait pas les femmes ARTE.
Mais le pays est aussi un pays émergent, le second pays de téléphones portables après la Chine. Le premier en production cinématographique avec plus de mille films chaque année et 4 milliards d’entrées. Pour ma part, mon préféré, que je vois et revois chaque année c’est Coup de foudre à Bollywood. Il y a aussi Devdas, sélectionné pour représenter l’Inde à la cérémonie des Oscars. Mais il y a aussi Water sur la position des veuves dans le pays. Bref, l’Inde est un pays où les coutumes sont ancrées et pour le moment font une part misérable aux femmes ! Heureusement le monde change !